Besoin d’un boom ?
C’est ainsi que je traduirais, je ne sais pas si c’est exact, l’expression « the pulse » dans la série Dark Angel dont j’étais fan quand j’avais 20 ans. Oui oui je suis vieille comme ça. Outre la performance de Jessica Alba qui a réussi sa reconversion comme personne après qu’NBC lui ait préféré Buffy contre les vampires (oui gérer une chaine de télévision c’est parfois prendre de mauvaises décisions), je retiens surtout que James Cameron faisait avec cette histoire un bref passage coté série, qui n’a pas duré, mais quel passage. Ce sont des considérations artistiques qui ne doivent pas faire oublier le message. Car toutes les histoires sont importantes, et les artistes ont quelque chose à nous dire. Il faut les écouter.
Je m’excuse d’avance si ce post ressemble à une longue liste de références à mes précédents articles publiés sur mes sites internet, je déteste me répéter.
Un grand boom qui arrête l’Histoire
L’idée derrière la série est qu’elle se déroule dans le futur, mais qu’une déflagration mondiale a mis un terme au progrès technique. Dans une année qui doit être proche de celle que nous vivons aujourd’hui, les IPhone et les NFT n’existent pas, l’économie est à terre, et les gens se débrouillent comme ils peuvent pour survivre en étant le plus heureux possible. Une des phrases qui m’a marquée à l’époque dans la voix de cette jeune fille est la suivante : « I don’t know why they call it a depression. I mean people are broke, but they are not all that depressed”.
Voici le message le plus puissant de cette histoire. Non que le progrès est une mauvaise chose, car Max, l’héroïne, en est issue elle n’est autre qu’un bébé génétiquement modifié et tout le monde est amoureux d’elle. Elle a choisi son nom, Max, pour Maximum. Simple dédicace à un Forestier de San Francisco.
Mais que le bonheur de la société créée par James Cameron et son auteur reposent sur la solidarité entre les populations et non sur les moyens financiers.
OK, il s’agit d’une histoire. Mais les histoires ont un sens. Je parle ici de solidarité. La solidarité n’est pas un algorithme, c’est une intelligence. Ce n’est pas un régime économique ni une théorie, c’est une réalité nécessaire que de comprendre, nous êtres humains, que nous appartenons à notre écosystème autant que l’inverse est vrai, et que l’écouter sera la clé de notre avenir.
Et le progrès alors ?
On ne l’arrêtera pas même si on essaye. L’économie non plus. Mais nous devons penser à ce que nous sommes, à qui nous sommes et avec qui, avant de vouloir à tout prix aller de l’avant sans savoir dans quel mur on fonce. L’augmentation de l’espérance de vie est une bonne chose, à condition qu’elle soit en bonne santé. Faire vieillir à tout prix nos anciens pour les enfermer dans des conditions inhumaines pour des sommes déraisonnables n’est pas selon moi du progrès. L’augmentation de l’espérance de vie, lorsqu’elle a explosé grâce aux antibiotiques et aux vaccins, était due ne l’oublions pas à la chute drastique de la mortalité infantile. L’espérance de vie à 30 ans a-t-elle été pondérée avec cette information ? Mourait-on vraiment à 30 ans, ou toute une partie de la population mourrait elle avant un an en faussant toutes les statistiques ? Je ne suis pas démographe, et j’écris cet article avant d’avoir vérifié. C’est important, les statistiques. Mais nous encore plus.
Ma conclusion est la même. Sauvons nos enfants, n’enfermons pas nos vieillards. De façon concrète, dans le cas du COVID que nous venons de vivre, vacciner largement était une bonne idée, enfermer nos enfants et nos étudiants en leur expliquant que s’ils refusaient ils allaient tuer leurs grands-parents en était une mauvaise.
La chute de la mortalité infantile est l’un des grands progrès de notre humanité, mais conserver les vieux dans des EHPAD inhumains pour les faire vivre le plus longtemps possible n’en est pas un. Nos enfants passent avant nos grands-parents, leur bien être à tous passent avant les statistiques de l’INSEE, surtout quand elles sont fausses, et la recherche et la médecine doivent en prendre acte.
Faire une pause pour réfléchir
C’est vrai, nous passons de moins en moins de temps à travailler. Mais cela ne veut pas dire que nous en ayons plus pour réfléchir, et là on s’est gourés. J’exprime ici une nuance avec ce qui est souvent dit sur le sujet. La différence avec les temps anciens, c’est notre dépendance à l’idée que ne pas travailler c’est ne servir à rien. Nous avons lutté pour la démocratie et les droits des femmes, et nous avons bien fait. Nous avons lutté pour les congés payés, et nous avons bien fait.
Mais en le faisant nous avons créé un monde où, sous couvert de travail tertiaire où l’on réfléchit, le micro management et le capitalisme non régulé imposent une surveillance des esprits et ou chaque pause durement gagnée est consacrée à retrouver une respiration qui n’aurait jamais dû être perdue.
Certes, nous travaillons moins qu’avant. Mais le respect du au travail de chacun à mon avis s’est perdu en route, ce dernier ne nourrit plus comme avant d’une part, et d’autre part, maintenant que tout le monde travaille, y compris les femmes élevant trois enfants et un mari dont la carrière passe avant les tâches ménagères parce que bon faut pas exagérer, y compris les riches pour qui être oisif et réfléchir n’est plus supportable, alors que c’est plutôt l’évolution inverse qu’il aurait fallu souhaiter, y compris les agriculteurs qui, bien qu’au contact permanent de notre terre et bien qu’ils nous nourrissent ne sont plus représentés que quand ils cherchent l’amour dans des émissions de TV, plus personne n’a le temps d’écouter et de réfléchir. Nos jeunes générations l’ont compris, elles s’y refusent de plus en plus, et elles ont raison. Ecouter et respecter le monde qui nous entoure et être feignant, ce n’est pas pareil.
Quand on sera heureux et reconnu au travail, quand la stabilité de nos vies ne dépendra plus d’un coup de vent du capitalisme ou d’une gastro d’un petit chef, quand l’immobilier et la sécurité matérielle et affective de nos enfants seront accessible avec un salaire médian que tout le monde peut gagner sans s’humilier et y perdre sa dignité, on n’aura plus peur de partir à la retraite six mois plus tard. Mais c’est une autre histoire.
Tout le monde devrait avoir le droit de s’arrêter pour réfléchir. Il ne devrait pas y avoir d’âge légal pour ça. Et je comprends que cette simple idée fasse peur et mette les gens dans la rue. Ils ont raison.
Max a un ADN mixte enrichi, humain et félin à la fois
Outre que l’idée, géniale pour une série pour ados, donne du corps à l’histoire et au personnage principal, ce que je retiens est la toute puissance donnée à l’ADN. Mon point de vue improvisé bien que documenté, à mi-chemin entre le pifomètre, le doigt mouillé et les conseils de ma bibliothèque, c’est que notre ADN compte, certes. Mais compte également également notre microbiote, personnel et collectif, c’est-à-dire notre confrontation et notre intégration au vivant. Je parle de ce sujet dans cet article sur l’énigme du French Paradox sur mon autre site ici présent.
A vue de nez, je dirais que l’ADN est notre algorithme et notre microbiote notre intelligence. La différence que je fais entre les deux est expliquée ici. Notre microbiote est notre lien avec le vivant et avec l’intelligence, collective, de notre planète et de son biote tout entier. De là à avancer que les Nibuliens d’Enfants de Gaïa sont des mystiques génocidaires et hygiénistes que nous devons battre pour la sauver elle en rétablissant le vin à l’école, je m’en fous je saute le pas.
Calculer les choses et les comprendre ce n’est pas pareil, même si les deux sont nécessaires et encore ça je ne suis pas sûre. La révolution des algorithmes et de ChatGPT est peut-être en train de nous montrer que là-dessus aussi on s’est gourés.
Elle était l’élue
Max, outre qu’elle fait partie d’une fournée de bébés éprouvettes génétiquement modifiés créés par l’armée et élevés par un militaire « control freak », est, même parmi ces bébés, « l’élue ». Celle que tout le monde attendait, une sorte de bébé magique en qui tout le monde place un espoir démesuré.
Ce que je souhaite à notre génération de jeunes gens qui bloquent les facs et dansent sur Tiktok aujourd’hui, c’est qu’ils comprennent et sachent tous qu’eux aussi sont des élus. Qu’ils ont des pouvoir magiques, pas parce qu’un type géant et barbu va les emmener à Poudlard, mais parce que notre Terre est faite de diversité et que chacun d’entre eux est important car sans elle ou lui elle ne tournerait pas de la même façon.
Je suis nulle en politique et ce n’est pas le sujet. Mais je pense qu’être élu, ce devrait être d’abord aimer suffisamment ceux qui vous ont choisi pour mériter de porter des valeurs qui dépassent votre propre personne. Aimer ça commence par écouter au lieu de parler. Faisons de la génération Covid l’élue qui nous raccommodera avec notre planète. Méritons-la.
Cette série était un exemple avant l’heure de diversité heureuse
Tous les personnages de cette série avaient un truc à dire. Joshua, mi-homme, mi-chien, était un peintre de génie. Alec, sous ses airs de dur qui ne s’attache pas, avait tué dans un attentat commandité par ses maitres la jeune fille dont il était amoureux et ne s‘en était jamais remis. Lorsque la meilleure amie de Max jette ses médicaments en croyant que c’est de la drogue et qu’elle se retrouve malade, en prison, trop faible pour pouvoir marcher, son sauveur n’est autre qu’un géant obèse et homosexuel, magnifique chanteur lyrique, qui séduit le garde de la prison pour lui obtenir un verre de lait. Ce monde, quand j’avais 20 ans, me paraissait imparfait mais chouette quand même car tout le monde y avait sa place.
Inventons un tel monde pour les générations qui viennent. Tout au long de la série, Max ne cherche qu’une chose, être une jeune fille de son âge et avoir une famille. Offrons ces trésors à ceux qui nous ont protégés pendant les années COVID, nous leur devons bien ça. On embête nos jeunes générations parce qu’ils n’apprennent pas, mais on les oblige à écrire à la main, on les coupe de leur planète qu’ils veulent défendre et on les bourre de medocs en leur coupant la parole par le spam sur les réseaux sociaux. Laissons les grandir tranquilles et devenir meilleurs que nous.